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vendredi 29 mai 2015

Une Chinoise en France: 1.4 Tu ou vous

SHU Changying 舒长瑛 

"Une Chinoise en France" - Vision comparative des cultures sino-française (et sino-occidentale)

A publier en épisodes; traduits au fur et à mesure de ce que j'ai écrit en chinois

Et, si ça peut vous aider à voir plus claire ma position, je m'imagine m'adresser à mes compatriotes.... ;-)

Il est défendu d'utiliser le contenu sans mon accord ou sans préciser la source.
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1.4 你还是您  Tu ou vous

Dans l’anglais cette question compliquée n’existe pas car il n’y a qu’un seul « you ». En chinois, on entend la différence entre « ni » (tu) et « nin » (vous) mais cette différence n’est pas très grande. En français ça ne passe pas inaperçu. D’abord, les deux mots ne se ressemblent pas du tout. Encore plus compliqué, en français il y a la conjugaison : tous les verbes doivent s’accorder selon si on dit « tu » ou « vous ». Cela exige un niveau de langue assez élevé.

Je n’écris pas un manuel de français et donc ne traite pas de la conjugaison ; je voudrais juste signaler que c’est quelque chose d’important en français et que l’on ne peut pas l’ignorer. Si tu utilises « tu » à une personne qui n’est pas proche, c’est malpoli ou elle peut penser que tu l’obliges à te prendre pour quelqu’un d’intime. Au contraire, avec une personne proche qui aimerait bien être plus intime avec toi, si tu utilise « vous », peut-être inconscient de ta part, elle va penser que tu ne la vois pas comme un ami / une amie et que tu marques une distance. J’ai vu que certains Chinois, à cause de l’insuffisance de la maîtrise socio-linguistique, font le mauvais chois entre les deux ou bien les mélangent, ce qui cause une perplexité à la personne en face.

中国的“您”VS 法国的“您” Le vouvoiement en Chine VS Le vouvoiement en France

Je trouve que les Français sont assez « compliqués », qu’il faut faire attention à beaucoup de choses dans les manières de parler et de se comporter, dont le choix de « tu / vous » qui est délicat. Pour faire simple, la différence principale dans l’usage de « vous » en Chine et en France est : en Chine, le vouvoiement est uniquement utilisé pour exprimer le respect. C’est pourquoi nous l’utilisons toujours aux personnes âgées, par exemple nos grands-parents. En France, il peut aussi servir à exprimer le respect, mais à mon avis il est plus souvent utilisé pour marquer la distance. Tutoyer ou vouvoyer, cela mesure la relation . Par conséquent, en France le vouvoiement est parfois désagréable car ça prouve que la relation entre les personnes n’est pas très proche. Imaginez que tu es avec cinq ou six personnes, la personne qui parle tutoie les autres mais te vouvoie, ça veut dire que soit tu ne lui plais pas soit elle juge que vous n’aurez jamais une relation plus avancée.

En France, on demande souvent la permission de l’autre pour pouvoir le tutoyer. En Chine on ne dit jamais « je propose que l’on se tutoie » ou « est-ce que je peux vous tutoyer ». En France il y a une série de normes reconnues là-dessus : entre les collègues on peut se tutoyer ; le supérieur et son inférieur se vouvoient ; on tutoie ses parents, ses oncles et tantes mais peut vouvoyer les parents de son conjoint / sa conjointe ; à l’université les professeurs et les étudiants se vouvoient ; entre les inconnus, sauf aux enfants, on vouvoie toujours ; dans le milieu professionnel, lors de la première rencontre, les gens se vouvoient et ils verront l’évolution de la relation pour décider s’ils vont changer ; etc.

En Chine, le vouvoiement exprime le respect et la politesse, utilisé généralement aux aînés et aux supérieurs. Il n’est pas réciproque : les personnes âgées n’ont pas besoin de vouvoyer les jeunes (mais je viens d'entendre dire qu'au nord on vouvoie beaucoup plus. Bon, la Chine c'est la diversité ;-) ) ; les professeurs n’ont pas besoin de dire « vous » aux élèves. En France c’est plutôt réciproque, quel que soit le décalage d’âge, sauf entre les adultes et les enfants. Les enfants peuvent dire « vous » aux personnes âgées alors celles-ci les tutoient. Les enfants tout petits ne disent que « tu » car ils ne saisissent pas encore ces trucs compliqués du monde des adultes. Quant aux jeunes gens mais adultes, les personnes âgées les vouvoient aussi.

老师和学生 Entre profs et élèves

Pendant mon année de master, une enseignante me vouvoyait d’abord. Depuis que j’ai participé à un séminaire dont elle faisait partie de l’équipe d’organisateurs - je pense qu’elle a apprécié ma communication au séminaire et qu’elle voulait me signaler qu’on pourrait se prendre pour collègues -, elle m’a tutoyée une fois et m’a appelée par mon prénom. Moi, en tant qu’une étudiante chinoise, pensais obstinément que la prof restait la prof, en Chine on dit « professeur un jour professeur toujours », les élèves ne changement jamais leur façon d’appeler leur professeur même quand eux-mêmes deviennent vieux. Et puis, pour nous, cela dépend de la différence d’âge aussi et moins du niveau de la relation. Donc, le mot « tu » a fait des tours entre mes dents mais n’est jamais sorti de la bouche, encore moins l’appeler par son prénom. Elle, ignorant ma théorie chinoise, pensait naturellement que sa proposition de rapprochement ne fut pas acceptée et a repris le vouvoiement.

D’ailleurs, si jamais elle n’avait pas aimé ma participation, elle n’aurait pas suggéré le tutoiement. C’est pourquoi j’ai dit tout à l’heure que le tutoiement est le signe d’une relation proche et bonne. Après une discussion avec nouveaux voisins ou collègues, s’ils trouvent que vous vous entendez très bien et te trouvent pas bizarre, pas bête, pas méchant, intéressant, il se peut qu’ils proposent que vous vous tutoyez. Tu peux te féliciter car ça signifie que tu es accepté.

Pendant la première année de mon enseignement à l’université, j’ai hésité si je devais tutoyer ou vouvoyer les étudiants, mais mon habitude chinoise a pris le dessus et j’ai choisi le tutoiement, alors qu’ils me vouvoyaient. Cela me gênait. J’ai posé la question aux collègues et on m’a dit que c’était mieux de les vouvoyer. Une collègue a dit que quand elle enseignait au collège elle vouvoyait les élèves aussi, pour leur faire sentir qu’il devait y avoir une distance et que le prof n’était pas leurs potes. J’en ai parlé dans mon blog français, les personnes qui ont commenté étaient tous pour le vouvoiement. Entrer à l’université, ça représente un changement d’identité : on est désormais un « grand ». C’est pourquoi on doit les vouvoyer pour respecter cette nouvelle identité. Faire un détour au milieu du semestre c’est bizarre, donc j’ai décidé de finir l’année avec « tu » et de changer de stratégie l’année suivante avec nouveaux élèves.

— 个人风格 Style personnel

Certains ont la tendance de dire « tu » (nous avons dit qu’en France c’est en général réciproque : la personne qui dit « tu » invite donc l’autre à faire pareil), pour exprimer une sympathie ; certains n’abandonne pas le « vous », notamment ceux qui préfèrent garder la distance avec beaucoup de gens. Je vais citer un exemple. Les personnes dans le milieu de la recherche sont très souvent attachées à une équipe. Dans une équipe il doit y avoir au moins deux ou trois leaders qui ont du poids, et puis il y a des enseignants-chercheurs, ensuite il y a des étudiants – en master et en doctorat. J’ai connu une équipe dans laquelle il y avait une directrice et un vice-directeur (ils ont changé de place plus tard et il est devenu le directeur). Ils avaient différents styles : l’homme tutoyait les membres de l’équipe ; la femme vouvoyait non seulement les « petits soldats » comme nous, mais aussi les collègues « de la même hauteur ». Ce n’est pas très courant mais c’était son style.


Certaines personnes peuvent faire encore plus compliqué : à la même personne, tantôt elles la tutoient tantôt elles la vouvoient, selon les circonstances et les personnes autour, selon si elles veulent exprimer l’intimité ou la distance. Le directeur de l’équipe de recherche que je viens de mentionner est comme ça : il m’a déjà tutoyée et aussi vouvoyée. Je sais que c’était voulu, mais pas parce qu’il a trop bu et qu’il a perdu la tête. Mais ce n’est pas un cas courant non plus, donc nous pouvons l’ignorer si nous le trouvons trop compliqué. Ce que nous pouvons faire est soit d’être passif et discret (dépendre de l’autre ; voir les circonstances) ou de prendre l’initiative (décider sur quel pieds danser et le proposer à l’autre). ça dépend de la personnalité, par exemple je suis plutôt passive dans la communication avec d’autres, en plus je trouve que cette question devient un peu compliquée en France. Je me contente donc de suivre l’autre et je propose rarement le tutoiement avant l’autre.

vendredi 22 mai 2015

Une Chinoise en France - 1.3 Faire la bise

SHU Changying 舒长瑛 

"Une Chinoise en France" - Vision comparative des cultures sino-française (et sino-occidentale)

A publier en épisodes; traduits au fur et à mesure de ce que j'ai écrit en chinois

Et, si ça peut vous aider à voir plus claire ma position, je m'imagine m'adresser à mes compatriotes.... ;-)

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1.3 吻脸 Faire la bise


Après « bonjour » et « ça va ? », maintenant on va parler de « faire la bise ». Une note pour les Chinois : il ne s’agit pas ici des bisous entre les amoureux, mais les bisous sur les joues, entre les membres de la famille et les amis.

好想碰碰你…… J’ai juste envie de te toucher…

Chez les Occidentaux, que ce soit s’embrasser ou se serrer les mains, ce qu’on veut c’est d’avoir un contact physique. Quand ils voient que les parents chinois et leur enfant, après une très longue séparation, peuvent se retrouver sans se faire un contact physique, ils sont surpris, voire choqués. ça nous arrive d’avoir besoin du contact physique avec les personnes très proches, mais ce n’est pas dans notre habitude et on est un peu timide pour le faire. Les enfants tout petits se comportent par instinct : quand ils voient une personne qu’ils aiment ils ouvrent les bras, se jettent dans vos bras et veulent absolument que vous le prenez dans les bras. Chez les enfants on voit moins la démarcation de la frontière ; la culture laisse des empreintes au fur et à mesure que nous grandissons.

Chaque fois quand je rentre en Chine, ma mère me serre dans les bras, mes sœurs prennent peut-être ma main ou mon bras, mais mon père et mon frère ne le font pas, encore moins mes oncles, tantes et cousines. Il y a quelques années, lors de mon premier retour, ma mère était si contente que par un coup d’élan, elle m’a embrassée. La timidité a été ainsi brisée et donc elle fait ça chaque fois, un peu « à l’occidentale » aux yeux des Chinois. Je tape les épaules de mon père, mes frères et sœurs, parce qu’un petit contact intime est plaisant envers des gens qu'on aime. Puisqu’on n’est pas habitué, on a même besoin de chercher des excuses, sans s’en rendre forcément compte. Par exemple, je masse parfois les épaules à mon père, ma sœur dit « hé hé, je vais te frapper » et puis elle prend ma main et la tapote.

Un peu de contact intime entre les membres de la famille nous est donc agréable, et on ressent un besoin parfois. En France, quand les parents font la bise aux enfants et petits-enfants, ils font des bises « prolongées » et les serrent longuement. Mais tout comme « bonjour » et « ça va ? », la bise fait partie du rituel et on ne peut pas se comporter à sa propre volonté. On ne peut pas faire la bise à quelqu’un quand on est de bonne humeur et ne pas le faire dans le cas contraire ; on ne peut pas faire la bise à quelques personnes et ne pas le faire à d’autres. Sauf avec la famille et les amis proches, la bise n’est plus un acte volontaire (bien-sur, sauf quand un homme le fait à une belle fille ou une femme à un beau garçon), mais un rite obligatoire.

Pareil comme la question de salutation, en Occident il s’agit des rituels plutôt fixes ; en Chine sauf dans un contexte officiel, il y a plus de spontanéité. Par exemple, après une séparation d’un an ou deux ans avec ma famille, quand on se retrouve on ne fait pas de bise, et peut-être les retrouvailles ont lieu sans aucun contact physique. ça paraît très froid aux yeux des Occidentaux. Alors que plus tard, quand on se promène, parle ou mange, on peut être bras dessus bras dessous, on peut se prendre la main, se toucher la tête ou se tapoter les épaules (je l’ai dit tout à l’heure, on a aussi envie de se toucher). Contrairement, si je prends l'exemple de ma belle-famille, je trouve qu'à part les bises (plus rituelles qu'affectives, sauf peut-être de la part de ma belle-mère à ses enfants et petits-enfants), il n'y a plus de contact physique spontané: chacun son espace. En France, à table, si tu vas prendre le bras de l’autre, se pousser, se tapoter, tu envahis l’espace de l’autre et il n’y a que les enfants « pas sages » qui font ce genre de choses (si un enfant fait ça, les parents interviennent tout de suite). En plus, à table chacun mange dans sa propre assiette et chacun sa place à part entière, mieux vaudrait laisser les gens tranquilles (la politesse à table s’applique aussi dans le cadre familial).

批发式吻脸 Bises en vrac

La bise entre deux personnes, c’est simple, mais imaginez quand cinq personnes rencontrent huit, ça devient très chaotique. Des fois on va au restaurant entre amis (et amis des amis), huit ou neuf personnes sont installées et deux autres arrivent ; tout le monde se lève pour leur faire la bise, en disant « bonjour, ça va ? ». A mes yeux c’est fatigant et trop rigide, mais je ne dois pas rester dans mon coin et refuser de participer à la « cérémonie », car c’est très malpoli et antipathique. Au moment de se quitter, il faut se forcer (en ce qui me concerne, j’ai besoin de me forcer) à faire la « bise en vrac » encore une fois. J’ai déjà fait la bêtise de faire semblant d’ignorer quelques personnes qui ne sont pas venues vers moi, mais tout de suite ce fut le remord : je n’aurais pas dû être malpolie pour une petite économie d’énergie.

Quand on est à Rome, on fait comme les Romains. Pour ne pas froidir l’ambiance, pour être sympathique, il faut s’accorder à la situation même si c’est un effort à faire. Là-dessus je suis toujours passive : j’accepte si on me le fait et ne « offre » pas mes joues de mon propre mouvement. Certains peuvent hésiter car ils savent que ce n’est pas la coutume dans certains pays, dont la Chine. Ils peuvent se demander si ça ne se fait pas avec moi et ont peur de m’offenser. Dans ce cas ils attendent voir ce que je fais, ou ils me serrent les mains ou bien demandent explicitement mon avis. Si on demande ma permission je ne refuse pas : il n’y a pas la raison, et puis ce n’est pas si désagréable que ça, sauf s’il s’agit d’une « bise en quantité ».

在我们那儿是三下!Chez nous c’est trois !



A propos, en France, en général on fait deux bises : une à droite une à gauche. Dans certaines régions il faut en faire trois ou quatre et puisque ce n’est pas nationalement courant, la personne l’explique à l’avance : « chez nous c’est trois / quatre fois ». Ci-dessous il y a une image : dans la zone jaune on fait deux bises ; dans la zone rose quatre ; dans la zone verte trois ; dans la zone bleue claire on n’en fait qu’une. Mais ce n’est pas un problème grave. Vous pouvez faire comme une dame à la danse du salon et vous vous faites guider. Si, après deux bises, la personne ne récupère pas son visage, ça veut dire que vous pouvez continuer. Si c’est la première fois dans votre vie d’effectuer cette cérémonie, n’ayez pas peur et sortez vos joues : d’abord une, ensuite l’autre. Inclinez un peu votre visage, légèrement mais pas trop (sinon on doit embrasser vos oreilles ou cheveux). Pour le reste, l’autre personne s’en occupera.

吻谁?A qui ?

A part le nombre de bises, ce qui est plus important c’est de savoir quand il faut le faire et quand il ne faut pas. Nous pouvons avoir l’impression que les Occidentaux le font systématiquement alors que ce n’est pas vrai. Dans le milieu professionnel les gens se serrent les mains souvent, sauf s’ils se connaissent bien et qu’ils se sentent proches. Quand on voit quelqu’un qu’on connaît sans avoir une relation proche, lui serrer les mains est suffisant. D’ailleurs, beaucoup entre nous savent que la bise se fait normalement entre un homme et une femme ou bien entre deux femmes ; entre deux hommes seulement les membres de famille et les amis très proches le font.

到底吻哪儿?Où est-ce qu’on embrasse réellement ?

Pour faire correctement la bise, on sort sa joue et légèrement ses lèvres, sans que ces dernières touchent vraiment le visage de l’autre, mais on fait un petit bruit imitant le contact entre les lèvres et la joue. Ce petit bruit m’est bien technique. Lors de mon premier séjour en France, je logeais dans une famille française. A l’époque je pensais qu’il suffisait que les deux joues se touchent, jusqu’à un jour où un ami de la famille d’accueil a signalé que ma méthode n’était pas bonne. Il a dit au propriétaire de m’entraîner tous les jours et ça a fait rire à tout le monde. Plus tard, je croyais qu’il fallait vraiment coller les lèvres sur la joue de l’autre. Plusieurs personnes ont fait mouiller leurs joues à cause de ça et j’en suis désolée en y repensant. Encore plus tard, j’ai mieux saisi la tactilité. Pourtant, malgré mon geste plutôt correct, je n’arrive pas à faire le petit bruit. Si l’autre personne le fait bien mes bises silencieuses passent inaperçues. Parfois je tombe sur une personne qui fait également des bises silencieuses, là ça devient plus gênant. Mais bon, ce n’est pas très grave, l’essentiel c’est qu’on le fait.





[1] http://bouillondecultures2015.blogspot.fr/2015/03/on-se-fait-la-bise_48.html

jeudi 5 février 2015

"Une Chinoise en France": 1.2 "Bonjour! ça va?"

SHU Changying 舒长瑛 

"Une Chinoise en France" - Vision comparative des cultures sino-française (et sino-occidentale)

A publier en épisodes; traduits au fur et à mesure de ce que j'ai écrit en chinois

Et, si ça peut vous aider à mieux saisir ma position, je m'imagine m'adresser à mes compatriotes.... ;-)

Il est défendu d'utiliser le contenu sans mon accord ou sans préciser la source.
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1. La différence culturelle dans la salutation


1.2 « Bonjour ! Ça va ? »

« Ni hao / Bonjour / Hello / …. », cela paraît la façon universelle de saluer les gens. C’est presque incontestable, mais en réalité tout le monde ne salue pas les gens comme ça. En Chine, il y a le fameux « Avez-vous mangé ? ». Certains étrangers pensent que c’est ça la salutation traditionnelle chinoise. C’est réducteur, donc faussé, de penser ainsi. On demande « avez-vous mangé ? » uniquement autour des heures des repas. Si vous saluez quelqu’un avec cette question à dix heures du matin ou quatre heures de l’après-midi, la personne est surprise. Nous avons beaucoup de salutations particulières à la personne et à la circonstance : Vous vous promenez ? Vous lavez votre voiture ? Vous cherchez votre enfant ? Vous faites des courses ? Vous allez où ? Ah vous avez très bonne mine ! Etc. Si nous transférons ces salutations dans une autre langue dans un autre pays, ça deviendrait incompréhensible.

Dans ma petite (à l’envergure chinoise) ville natale, beaucoup de gens n’ont jamais dit « ni hao » dans leur vie et utilisent des salutations à la chinoise que nous venons de citer. Vous pouvez croire que c’est « trop facile » (de saluer les gens en disant « bonjour » ou l’équivalent en d’autres langues) pour ceux qui ont à communiquer avec des étrangers, alors que ça ne va pas de soi pour tout le monde. Une fois, à l’aéroport Charles de Gaule, un employé s’est fâché contre un vieux couple chinois mais les deux Chinois ne savaient peut-être pas, en tout cas ne savaient pas pourquoi.

Voici ce qui s’est passé. Au guichet, l’employé a dit « bonjour » ; le couple chinois, avec un grand sourire sur le visage, a donné leur passeport sans rien dire. L’employé a redit « bonjour », le couple souriait toujours et s’inclinait légèrement. L’employé n’acceptait pas cela, il a arrêté son affaire et demandé au couple chinois s’il parlait français. Ce dernier a approuvé d’un signe de tête. Le Français dit : vous savez parler français, donc vous savez dire « bonjour », pourquoi vous ne dites pas bonjour ? La réaction du couple chinois : grand sourire, encore et toujours (dans ce sourire, à part la salutation, il y a maintenant de la reconnaissance pour le service et des excuses d’avoir mis l’employé en colère). L’autre a fini par abandonner et laisser passer le couple qui n'a toujours pas dit « bonjour ».

J’étais juste derrière le couple chinois et trouvais l’employé français « inflexible » et « stéréotypé » : tout ce sourire ne vaut-il pas un « bonjour » ?! Mais en Occident, il faut DIRE les formules de politesse pour être poli ; même si votre visage est plein de sincérité et de sourire, si vous ne dites pas les mots-clés, comme « bonjour » ou « merci », vous êtes traité de malpoli. Une culture a ses « codes », la meilleure solution est de s’adapter.

Les Chinois recherchent « l’intention », l’intention de remercier, d’aimer, de s’excuser, etc. L’intention suffit, la parole est parfois superflue. Les formules de politesse donnent le sentiment de distance et nuisent à la sincérité de l’intention.

Une plus grande importance est attribuée à la parole chez les Occidentaux. L’expression des sentiments, y compris les salutations, est en grande partie verbalisée, en tout cas il faut la part verbalisée. Par exemple, pour exprimer la reconnaissance, c’est le « merci », qu’on dit sans cesse, si « abusivement » qu’il n’a parfois plus de sens mais il ne faut pas l’omettre pour autant ; il est devenu un des sons qu’on produit machinalement et instinctivement. Chez les Chinois, la reconnaissance n’est pas toujours exprimée par le mot « xiexie ». Entre les proches, par exemple dans le couple, entre parents et enfants, on ne dit pas chaque fois « xiexie ». La reconnaissance est dans ton sourire, dans ton regard, dans ta main qui tapote les épaules de la personne, et c’est suffisant.

Revenons à la salutation. Moi-même, de la jeune (enfin, tout est relatif) génération, vivant dans une culture étrangère depuis une assez longue période, je peux encore surprendre les gens quand je me laisse emporter par mon instinct chinois. Il y a quelques années, en juillet, dans le jardin de l’ENS de Lyon, j’ai vu mon amie grecque assise à côté d’une étudiante française que je connaissais aussi. C’étaient les vacances et les Français étaient tous partis normalement. Je fus surprise de voir que la Française était encore là, et à cause de la surprise mon instinct l’emportait.

Je suis allée vers elles et ai dit : Comment ça se fait que tu es encore à la fac ?
Elles me regardaient et ne comprenaient pas.
J’ai ajouté, pensant que je n’avais pas été claire : Comment ça se fait que tu es encore à la fac, mais pas rentrée chez toi ?
Elles me regardaient toujours, très perplexes.
Après un instant de silence, l’amie grecque a dit : Mais, tu commences comme ça ?

Commencer quoi ? La salutation. Qu’y a-t-il ? Je n’ai pas commencé par « Bonjour ! Ça va ? », comme tout le monde et comme ce qu’il fallait. Par conséquent, elles ont perdu la réactivité car je sortais de leur « champs de conscience ».

J’ai maintenant l’habitude de prononcer le « bonjour » qui est devenu machinal et instinctif. Mais, après mes dix ans de vie en France, je n’ai toujours pas pris l’habitude d’ajouter toujours « ça va ? ». Je n’ai pas pris l’habitude car je n’ai pas accepté, je n’ai pas accepté car je n’y trouve pas de sens, je ne veux pas dire des choses qui n’ont pas de sens.

Ça nous arrive aussi de demander « ça va bien ? » ou « comment ça va en ce moment ? », quand nous voulons vraiment savoir comment va l’autre personne et nous sommes prêts à écouter ce que l’autre raconterait. Quand nous voyons ou appelons des proches, nous voulons évidemment savoir comment ils se portent, mais nous les interrogeons par des phrases personnalisées et « flexibles ». Comme ça, après la rencontre ou l’appel, nous savons comment va la santé, quel temps il fait, ce que l’autre personne fait de beau, etc. Mais nous n’avons pas forcément besoin de demander « ça va ? », que nous trouvons trop vaste.

Chaque fois, après mon coup de fil avec mes parents ou une amie, mon mari me demande « il/elle va bien ? ». Parfois je ne sais vraiment pas comment répondre à sa question. D’abord, je n’ai pas posé cette question durant toute la conversation. Et puis, ma mère ou mon amie m’a raconté pas mal de choses, concernant divers sujets, dont il y a du positif et du négatif, du Yin et du Yang, mais pas clairement « blanc » ou « noir ». Je dois dire « Il/elle va bien » ou « Il/elle ne va pas bien » (ni l’un ni l’autre n’est juste)? Je lui ai parlé de ma difficulté et il ne le demande plus. En fait, pour lui ce n’est peut-être qu’une habitude, une réflexe.

En France, « ça va ? » est une phrase qu’on ajoute toujours après « bonjour ». Je raconte une autre expérience, entre une amie et moi il y a quelques années :

Elle : Bonjour !
Moi : Bonjour !
Elle : ça va ?
Moi : (comme réponse, je lui ai raconté un peu ma vie)
Elle : Ah bon ! Alors, ça va, ça se passe bien ?
Moi : (j’ai encore trouvé des choses à raconter)
Elle : Ah oui ! Alors, tout va bien ? Ça se passe bien ?
Moi : …. Très bien, merci, et toi ?
Elle : Très bien, merci.

Bon, enfin on a pu terminer le rituel de la salutation. Aujourd’hui, je suis plus habituée à dire « ça va ? », une phrase indispensable mais parfois vidée de sens. Cependant, je ne le dis pas très souvent, tout de même, sauf quand je veux vraiment savoir comment va l’autre. Quand deux personnes se croisent dans le couloir sans même s’arrêter, l’une demande « ça va ? », l’autre peut-elle dire qu’elle ne va pas bien !

Parfois dans le couloir, je croise un collègue. Après le « bonjour » je ne dis plus rien, l’autre personne fait recours à « ça va ? » pour casser le silence, et je dis donc « très bien, merci, et vous ? » Les formules rituelles n’ont pas toujours de sens, mais elles servent à activer l’ambiance et faciliter la communication. Pareil pour « avez-vous mangé ? » chez les Chinois, ce n’est peut-être pas pour inviter les gens à manger, donc n’a pas vraiment de sens non plus. Des phrases comme « vous vous promenez ? » ou « vous faites des courses ? » n’en ont pas plus. J’utilisais ce genre de salutations en Chine, pourquoi maintenant je me bloque pour un petit « ça va ? » ? C’est comme ça le décalage culturel, qui est souvent tenace. Ce n’est que deux mots tout courts, très faciles à dire, mais je mets du temps à l’accepter. Je suis sans doute trop têtue et je tiens trop à chercher le « sens ». Dans la vie il ne faut pas être obstiné pour tout.


Si on creuse, il doit y en avoir, du sens, mais notre sens n’est pas bien compris par les étrangers, et vice versa. A part le sens, il y a aussi les habitudes, héritées de génération en génération, dans lesquelles nous sommes immergés dès notre arrivée au monde. Le sens et l’habitude forment une composante fondamentale d’une culture.

vendredi 30 janvier 2015

"Une Chinoise en France": 1.1 Faire attention aux gens

SHU Changying 舒长瑛 

"Une Chinoise en France" - Vision comparative des cultures sino-française (et sino-occidentale)

A publier en épisodes; traduits au fur et à mesure de ce que j'ai écrit en chinois

Et, si ça peut vous aider à mieux saisir ma position, je m'imagine m'adresser à mes compatriotes.... ;-)

Il est défendu d'utiliser le contenu sans mon accord ou sans préciser la source.
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1. La différence culturelle dans la salutation
1.1 Faire attention aux gens

La salutation commence par faire attention à l’autre, à chaque personne présente. C’est un point fondamental pour moi, mais ignoré par beaucoup de Chinois.

En Chine, on est habitué à ignorer les inconnus. Quand on entre dans un ascenseur on ne regarde pas les personnes dedans ; au magasin on va directement vers les choses qui nous intéressent sans regarder le vendeur ; quand on passe à la caisse au supermarché, on regarde justement combien il faut payer, et puis payer et partir, sans savoir à quoi ressemble le caissier. Tout le monde fait comme ça et tu es traité de « bizarre » ou « « encroûté » si tu ne fais pas pareil.

Il y a quelques années, lors de mon premier retour en Chine, en entrant dans un ascenseur j’ai lancé un sourire global (envers tout le public). Il y avait un couple, dont la femme a regardé alternativement son mari et moi avec méfiance, doutant que je le connaissais, et puis m’a jeté un œil blanc (pour elle je draguais…). J’ai vite compris la gravité des choses et, dès lors, faisais une tête froide chaque fois quand j’entrais dans un ascenseur. Sans ce léger sourire comme salutation, j’ai toujours la sensation que tout le monde se haït, que chaque personne se fait détester.

Ça ne concerne pas uniquement l’ascenseur, bien-sûr. Il y a cette froideur entre les inconnus, généralement. On est parfois traité ainsi quand on a besoin d’un service. Une fois, au point de vente de billets de train de l’aéroport Pudong à Shanghai, la personne dit brusquement « aller où ? », sans sortir sa tête de derrière l’ordinateur. J’ai mis un instant à réaliser qu’elle commença à me servir.

Pas de salutation (aux inconnus), pas de phrase inutile, cela crée une efficacité, certes. Ça économise cinq ou dix secondes et ne fatigue pas les gens pour rien. Dans un des quartiers asiatiques – Belleville, j’ai l’impression que certains vendeurs ou serveurs ont l’air énervés par des clients français qui disent trop de « merci » et « s’il vous plaît ».

J’ai un ami français qui est un professeur retraité en urbanisme. Chaque année il va donner quelques semaines de cours en Chine et il y participe aussi à certains projets d’urbanisation. Je trouve que c’est « fatigant » de faire la bise ou de serrer les mains à chaque personne présente, alors que lui, il trouve qu’en Chine les gens paraissent parfois s’ignorer, comme si les autres n’existent pas. Un exemple, on se trouve dans une salle pour une réunion. Une personne entre et peut aller directement s’asseoir à une place sans voir d’autres. Ensuite, il peut garder la tête baissée sur son téléphone ou sur son journal, ou bien il parle aux personnes à côté, ou bien il jette un coup d’œil à la salle pour savoir qu’il y a. Je lui dis que seulement quelqu’un d’ « important » salue tout le monde et que si quelqu’un d’ « ordinaire » fait pareil, les autres le trouveraient bizarre, en se disant « tu te prends pour qui ». J’en déduirais : en Chine, l’identité d’une personne n’est pas son existence, mais son titre et son rôle.

En France, selon mon observation, si les visiteurs et touristes n’ont pas cette conscience d’attribuer l’attention à l’autre, ils paraissent très impolis. Une fois, j’ai fait un petit boulot : accompagner quelques patrons chinois en France pour une foire de textile. Ils ont participé à la foire et ont aussi fait du grand shopping à la galerie Lafayette. Ce jour-là j’ai entièrement ressenti chez eux la désinvolture causée par le manque d’attention attribué aux gens, et sincèrement j’avais honte pour eux. Cette honte n’était pas partagée par eux-mêmes, car ils ne regardaient rien d’autres que les marchandises.

Dans le hall de la foire, si on faisait un peu d’attention, on voyait très vite qu’en se rapprochant d’un stand, la première chose était de regarder le personnel, le saluer et demander si on pouvait regarder. Si la personne était libre elle nous recevrait ; sinon on nous demanderait de patienter un peu. Pour regarder les échantillons (de tissu), c’était le personnel qui nous en apporterait. Mais, les personnes que j’accompagnais ne voulaient absolument faire comme ça. La première possibilité, ils ne s’en rendaient pas compte, n’avaient pas la conscience ; la deuxième possibilité, ils ne pouvaient pas attendre, voulaient aller très vite, ne pouvaient pas gaspiller une seule seconde. Peut-être leur logique est ainsi : à quoi bon de paraître poli ? Ça ne m’apporte rien !

Alors, chaque fois je m’occupais de saluer le personnel par le regard et par le « bonjour », pour donner bel et bien l’impression qu’on n’était pas de purs barbares, mais pendant ce temps les personnes que j’accompagnais allaient directement vers les objets exposés, fouillaient les échantillons. Des fois j’étais en train de demander au personnel si on pouvait regarder, mes patrons l’avaient déjà fait et allaient repartir sans moi. Je devais abandonner tout de suite le personnel pour les suivre. Quelle efficacité !

Pareil à la galerie Lafayette. Les patrons avaient dans leur poche plein de gros billets d’euro. Les clients sont les dieux, surtout des clients qui ne manquent pas d’argent. Mes dieux, comme d’habitude, ignoraient le regard et la salutation des vendeurs et vendeuses, allaient directement toucher les marchandises et, si intéressés, sortaient un « How much ? ». La galerie Lafayette était remplie de monde, devenue une foire des touristes étrangers, dont une grande quantité de touristes chinois. Dans le flot humain mes dieux ne se faisaient pas remarquer, alors qu’au magasin Printemps qui était bien plus calme, il y avait des vendeurs et vendeuses libres qui avaient le temps d’ « admirer » mes patrons. Je n’ai pas senti la gloire d’être à côté des compatriotes de richesse, mais bien au contraire. J’ai même décidé de ne plus refaire ce genre de petit boulot. Cette expérience est gardée dans ma tête comme un exemple très négatif concernant un genre de compatriotes.

Chaque année j’évoque la question de politesse avec des étudiants. Je leur demande s’ils trouvent les Chinois polis et quelle est la différence culturelle de la politesse entre les Chinois et les Français. Parmi eux, certains disent que les Chinois sont plus polis que les Français, d’autres disent le contraire. Il y a différentes angles de voir les choses. Il y a un point approuvé par eux tous et moi : les Chinois peuvent être très polis et aussi ne pas l’être ; une même personne peut être très polie et ne pas l’être. On est peut-être poli envers les gens qu’on connaît, mais malpoli envers des gens qu’on ne connaît pas ou bien des gens « sans importance ». Je pense que les Chinois ont un aspect pragmatique, y compris pour la politesse. Ainsi, la politesse devient un outil et un accessoire de théâtre, à utiliser quand on a « besoin ». Devant des inconnus et des gens « sans importance », on n’a pas « besoin » de l’utiliser.

Pour conclure tout ce que je viens de dire : à l’étranger, si vous espérez vous comporter poliment, commencez par faire attention à l’autre. C’est un point simple et pas simple ; l’important est d’avoir cette conscience. Ce n’est pas simple car cela touche la question de valeur : à chaque être humain, qu’il ait ou non le pouvoir ou la richesse, il faut attribuer la valeur et le respect.

Par extension, nous pouvons aussi nous demander qui est plus « chaleureux », les Chinois ou les Français : certains disent les premiers, d’autres disent les derniers. A mon avis c’est « chacun sa raison » (公说公有理,婆说婆有理 Papy dit que c’est lui qui a raison, mamy dit que c’est elle qui a raison) et ce n’est qu’une différence de vision. On a dit plus haut qu’en Chine les inconnus ont la tendance de s’ignorer. Si on n’est pas habitué à ça, on peut dire que c’est une grande indifférence entre les gens (quand on est habitué, ce n’est plus gênant peut-être). En Occident, il y a en général un minimum d’attention et de salutation entre les gens. De ce point de vue, on dirait que les Chinois sont « froids » et que les Occidentaux sont « chaleureux ».

Alors que les Chinois ont leur façon d’être « chaleureux » et qu’en Occident il y a une certaine indifférence issue de l’individualisme. Mais bon, l’individualisme est la tendance universelle, il semble. Comparons les Chinois d’aujourd’hui et il y a des décennies, ou les Chinois de ville et ceux de campagne, on remarquerait que les Chinois de nos jours sont bien individualistes.

En France, les inconnus peuvent facilement se dire « bonjour », mais ça ne signifie pas qu’il y a facilement une communication entre deux personnes. Après avoir dit « bonjour » ou, si on se connaît, après avoir dit « bonjour » et « ça va ? », que fait-on ? Et puis on peut parler du temps. Ensuite viennent des obstacles, car si on continue on risque de toucher des sujets personnels de chacun. Entre les Chinois, soit ils ne se parlent pas, soit ils se mettent à parler et, après quelques minutes de conversation, ils savent où l’autre travaille, quel est son métier, s’il est marié, s’il a des enfants, dans quel genre d’appartement il habite, etc. Notamment dans des « petits endroits 小地方» (c’est-à-dire, des petites villes ou la campagne), les premières questions peuvent être : Tu gagnes combien par mois ? Tu es marié j’espère ? Comment ça se fait que tu n’es toujours pas marié ? Il faut penser à faire un enfant hein ? Lors de mon chaque retour, presque tous les jours on me demande mon salaire. Puisque je vis à l’étranger, on s’intéresse beaucoup à mon salaire. Mais le mien est vraiment sobre – j’ai beau être à l’étranger - et je perdrais la face si je le dis, donc chaque fois j’essaie de tergiverser pour ne pas l’avouer.

En France, bien-sûr il ne faut pas poser ce genre de questions, même entre les membres de famille. Maintenant je n’ose même plus demander « où habitent vos parents / où est votre famille », car plusieurs fois la personne en face, après une hésitation, était obligée de me confier que ses parents avaient divorcé (il semble que le taux de divorce atteint 50%, au moins à Paris ?), l’un habite à l’est et l’autre à l’ouest. Je n’étais pas assez proche pour qu’elle me raconte ça, une « simple » question sur son origine lui avait imposé cette explication. En Chine, « Où est ton pays natal / tu viens d’où » est souvent l’ouverture de la conversation. Dans les trains, quand on veut papoter avec les voisins on demande souvent « Tu vas où » ou « Tu es d’où ». Si vous faites pareil en France vous allez surprendre les gens et on se demanderait ce que vous voulez. En France, les wagons de train sont bien calmes (si on connaît l’ambiance des wagons en Chine, on voit la différence. Mais bon, avec les nouvelles générations qui ne quittent plus leur petit écran des yeux, ça change un peu. ) et peu de gens abordent des inconnus.

Ne pas aborder des questions « privées », le mauvais côté est que vous pouvez sentir un blocage de communication et une distance entre les gens ; le bon côté est que vous n’êtes pas interrogés sur le salaire, que les proches ne peuvent pas vous harceler pour demander quand vous allez vous trouver un petit-ami, quand vous allez vous marier et quand vous allez avoir un enfant. C’est pourquoi on dit que tout a un bon côté et un mauvais côté, que rien n’est parfait.

Comme pour tout autre sujet interculturel, la meilleure conclusion de la comparaison sur « chaleureux / indifférent » doit être : c’est différent ! Être chaleureux dans quelles circonstances ? Comment être chaleureux ? Tout ça est différent.

lundi 26 janvier 2015

"Une Chinoise en France" : avant-propos

SHU Changying 舒长瑛 

"Une Chinoise en France" - Vision comparative des cultures sino-française (et sino-occidentale)

A publier en épisodes; traduits au fur et à mesure de ce que j'ai écrit en chinois

Et, si ça peut vous aider à mieux saisir ma position, je m'imagine m'adresser à mes compatriotes.... ;-)

Il est défendu d'utiliser le contenu sans mon accord ou sans préciser la source.
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Avant-propos


Deux points à souligner pour commencer :


Premièrement, l’auteur-je est une Chinoise qui vit en France depuis de nombreuses années, donc le texte prend principalement la France comme référence, mais une partie de contenu concerne plus généralement la communication sino-occidentale. Etant donné l’identité et la position que l’auteur-je se définit, imaginez aussi que les Chinois sont parmi « nous » et Français ou Occidentaux comme « eux ».

Deuxièmement, si on fait entièrement confiance à un livre, cela vaudrait mieux de ne pas avoir le livre » (尽信书则不如无书), dit-on. Un livre, qu’il soit un manuel ou autre, ne doit pas être considéré comme la vérité absolue et sacrée. La naissance d’un livre est le résultat du vécu et du point de vue plus ou moins personnel de l’auteur, il ne peut pas être « absolument juste » et ne peut s’appliquer à tout.

Les lecteurs qui sont familiers avec le contenu de ce livre peuvent le lire en se munissant de leur propre avis ; ceux qui ne sont pas familiers doivent aussi y apporter leur propre réflexion et analyse. S’il y a des questionnements et différents points de vue, il y a des débats qui rendent plus mûres et plus objectives les idées, ainsi verrait-on cent fleurs s’épanouissant en même temps (百花齐放)

L’Orient et l’Occident sont vus comme deux points culturellement opposés et cette vision n’est pas sans raison. Il y a toujours une différence entre deux cultures, mais entre les cultures orientales et occidentales la distance est plus large. C’est pourquoi les Chinois souvent pensent que le décalage culturel entre les pays occidentaux est si infime qu’il n’est pas nécessaire de l’évoquer. Quand ils entendent les Européens comparer la France et l’Allemagne ou bien la France et la Belgique, ils peuvent trouver que ces gens cherchent des problèmes et inventent une soi-disant différence culturelle, alors que la différence culturelle entre l’Orient et l’Occident peut vraiment s’appeler « différence ». Autrement dit, les Chinois mettent le monde « occidental » dans le même panier.

Tout est relatif. Grand ou petit, avoir ou ne pas avoir, c’est relatif.

Un Chinois arrivant en Europe, ou bien un Européen arrivant en Chine, si on dit qu’il tombe sur un autre monde ce n’est pas une exagération. Ce qu’on voit, ce qu’on mange, ce qu’on pense, tout paraît très différent. Et ces différences, on ne peut pas les ressentir tout de suite sans avoir vécu une période dans cet autre monde. Les choses à voir, à entendre et à manger, nous savons assez vite que c’est différent, mais la différence au niveau mental n’est pas perçue par chaque personne.

Savoir qu’il y a des différences, c’est la première étape. C’est-à-dire qu’il faut d’abord avoir la conscience, c’est un premier grand pas. L’étape suivante est d’être curieux, d’être intéressé, d’observer où se trouvent les différences. Et ensuite, réfléchir sur des « pourquoi ». Quand on commence à demander pourquoi et en plus explorer les « pourquoi », on  arrive à une étape fort intéressante.

J’ai choisi le français comme ma discipline universitaire il y a à peu près vingt ans, dès lors, je suis mise sur le chemin de comparaison culturelle sino-occidentale. Quand je travaillais en Chine, même si j’étais dans l’enseignement du français et étais forcément en contact avec la langue et la culture françaises, mais sans être dans le contexte authentique je ne pouvais pas avoir des connaissances vraiment approfondies. J’ai eu la chance d’avoir fait un séjour de deux mois en France, mais avec un regard « touristique » on reste encore au superficiel. Dans le groupe, certains ont eu une bonne entente avec la famille d’accueil, d’autres se sont plaints d’avoir une famille « radine » ou « pas gentille ». Après deux mois, chacun est parti de la France avec son propre vécu qui risque de devenir sa définition du pays. Le vécu et le point de vue personnel sont parfois interprétés avec un ton incontestable comme une théorie autoritaire. N’est-ce pas dangereux ? Voilà pourquoi au début de l’avant-propos je rappelle aux lecteurs que « si on fait entièrement confiance à un livre, cela vaudrait mieux de ne pas avoir le livre » (尽信书则不如无书).

Seulement si on vit DANS une culturel et s’y baigne quotidiennement et sans distance, on peut avoir ses propres visions profondes, réelles et à diverses facettes. Depuis que je vis en France depuis dix ans, j’ai commencé petit à petit à vraiment connaître la France, ou bien à connaître la vraie France. Je n’ai jamais appartenu à une « communauté », par exemple une communauté d’étudiants chinois (aller ensemble aux cours, faire des courses et manger ensemble, suivre des feuilletons ensemble pendant le week-end, voyager ensemble pendant les vacances, passer les fêtes ensemble), ou d’autres communautés patriotiques ou religieuses. J’aurais un côté solitaire et n’aime pas me faire restreindre la pensée. Je peux donc laisser mon esprit vagabonder librement, sans me faire formater  par un sens de clan.

Une vie interculturelle rend l’esprit plus riche et plus large, forme un système de références pluriel. Nous pouvons dire que c’est un plaisir. Mais l’interculturel génère aussi de la souffrance. Cette souffrance varie d’une personne à une autre puisque chacun a ses expériences singulières à lui. Je ne parle pas ici de la souffrance matérielle liée aux conditions de vie, je parle d’une souffrance intellectuelle et mentale. Vous vivez dans un pays étranger où entre vous et les autres il y a une différence culturelle ; vous rentrez dans votre pays, votre ville natale, vous ressentez aussi une différence avec les autres. Vous vous trouvez dans un entre-deux, vous n’êtes ni l’un ni l’autre. Vous faites partie d’un petit clan particulier et il n’y a que ce clan particulier qui vous comprend vraiment. Votre identité rend votre esprit compliqué qui n’est plus comme avant. Donc parfois vous êtes fatigué. 

Je dis qu’il y a une souffrance d’esprit aussi parce que désormais vous êtes toujours en train de comparer, consciemment ou inconsciemment. Pourquoi ils sont comme ça alors que nous sommes comme ça ? Parfois vous trouvez vite votre réponse, parfois vous restez confus. Parfois vous savez que la mentalité que vous serrez dans les bras ne vous convainc pas vraiment mais c’est plus fort que vous. Des fois vous êtes paradoxal vis-à-vis de vous-même et ne savez pas comment faire un choix. Vous débattez avec vous-même et avec d’autres. Vos interlocuteurs portent diverses positions et visions. Avoir des dialogues où l’objectivité et la sagesse brillent est fort plaisant, à ce moment vous vous ouvrez. Mais à d’autres moments vous heurtez des points de vue étroits ou antipathiques, ce qui fait que vous repliez.

Je pense avoir une certaine sensibilité pour la communication interculturelle. Comme ce que j’ai dit en haut, premièrement avoir la conscience de la différence, deuxièmement chercher les « pourquoi ». Pendant les années où j’ai enseigné le chinois à l’université, j’aimais bien discuter sur les plaisirs et les difficultés de la communication interculturelle avec les étudiants, notamment ceux en Master. Ils apprenaient le chinois depuis trois ou quatre ans, la plupart avaient étudié et vécu en Chine. Nos discussions étaient donc dans les deux sens : une Chinoise en France et des Français connaissant plus ou moins la Chine. Aujourd’hui, ma vie personnelle est biculturelle, où immergés chaque repas, chaque comportement et chaque conversation.

Je pense, à travers l’écriture, clarifier et organiser mon ressenti, ma réflexion et mon vécu de cette dizaine d’années, d’une part, comme une accrétion sédimentaire des idées, d’autre part pour partager et échanger avec d’autres personnes du « club ». De plus, l’écriture est un processus de maturation d’esprit et aussi un processus où on interroge et revoit sa propre pensée.

La communication interculturelle est stressante dans certaines circonstances, comme s’il faut « marcher sur une fine couche de glace » (如履薄冰). Pour se préparer on peut lire des livres ou même s’inscrire à une formation. Les entreprises paient parfois un expert pour former leurs employés en contact avec des étrangers, les aider à concevoir leur comportement et parole, les avertir des points importants à retenir. Les formés notent tous ces points pour plus tard les appliquer.

C’est bien de se préparer et l’utilité d’une formation dépend de la méthode du formateur et de la réception du formé. J’ai l’impression que beaucoup de formations traitent des éléments formels et superficiels. On vient suivre un cours parce qu’on pense ne pas être capable de gérer aisément des contacts interculturels, il ne suffit pas de leur jeter le contenu emballé dans des termes et des théories tout prêts et figés. Le sens d’augmenter sa compétence interculturelle consiste à dépasser et casser ces éléments prêts et figés, autrement dit, des « stéréotypes », « clichés », « préjugés » et « idées reçues ». On risque souvent de dire « les Chinois sont comme ça », « les Français sont comme là ». Comme dit l’expression « Les neuf fils du dragon se diffèrent l’un de l’autre » (龙生九子, 各有不同), même les enfants de la même famille ont chacun ses caractères, comment pouvons-nous définir toute une nation si facilement ? Si on vous demande « comment sont les Chinois », vous ne saurez pas répondre, alors pouvons-nous dire en quelques simples mots comment sont les Français ou les Américains ?

Je pense que la compétence interculturelle repose sur la formation d’une réflexion et d’une capacité de distinction indépendantes. Il ne faut pas se satisfaire des opinions reçus et non plus lancer nos opinions personnelles à d’autres. Nous avons à réduire la distance, casser les murs, raisonner par notre tête et ressentir par notre cœur, rechercher les points communs tout en respectant les points différents.

Ce que nous recherchons, c’est la compréhension, la compréhension dans les deux sens.

Cet avant-propos peut sentir théorique, mais le corps principal qui va suivre sera en grande partie énonciatif, laissant la parole aux expériences réelles et au ressenti. Je me baserai sur des éléments de la vie quotidienne, sans cibler spécifiquement le milieu politique ou le milieu de business. Connaître et comprendre la différence culturelle dans la vie dite ordinaire est le point de départ, sans lequel il est impossible de construire « un palais dans le ciel » (空中楼阁) en traitant directement un milieu spécialisé.


Je n’ai pas fait d’interviews avant d’écrire ce texte. Je n’ai pas comme objectif de rédiger un ouvrage scientifique en sociologie, mais de mettre par écrit du vécu et du senti. A la fin, je vais dire une phrase qui paraît très conventionnelle et rituelle, mais est tout à fait sincère : Mes connaissances et expériences ont des limites, mes opinions peuvent manquer de rigueur, des remarques et des débats sont les bienvenus. 


mercredi 2 janvier 2013

Un petit conseil pour ne pas être "malpoli"

Comme ce qui est dit et ce que j'ai pu observer après quelques expériences d'accompagnement, pas mal de touristes chinois sont considérés comme malpolis.... La politesse fait partie de la culture, dont les codes se différencient d'un pays à un autre. Aujourd'hui je vais être rapide et pratique, sans avoir l'ambition d'apporter une connaissance et une compréhension approfondies bilatérales sur ce sujet, en signalant une seule "règle" aux passagers chinois pour qu'ils ne soient plus considérés comme malpolis. Je traduirai cela en chinois s'il mérite d'être diffusé. 

Ce n'est pas de trop si on prend en compte quelques codes de l'endroit étranger où l'on est. Ces codes ne sont pas forcément les meilleurs, mais 入乡随俗 (Ru xiang sui su - Quand on est à Rome, fais comme les Romains), comme on dit. Un exemple dans le sens inverse: un Français peut moucher fort devant les gens, alors qu'il ferait mieux de le faire discrètement s'il est en Chine. Si on souhaite mieux s'entendre, il faut un petit effort et une volonté de tous les deux côtés. Très souvent, on a vraiment envie de se comporter adéquatement dans un environnement inconnu mais sans savoir ce qu'il faut et ce qu'il ne faut pas faire. Discutons donc pour mieux comprendre les choses et ça nous fait moins de pression et de gêne sans éclaircissement.

Cette règle est: être attentionné aux gens et aux individus (cette attention forme un respect, donc en étant attentionné, on devient plus ou moins poli et respectueux). C'est un concept fondamental et ça va améliorer beaucoup de choses. Même sur le territoire chinois, le monde sera plus agréable quand ce concept sera intégré. Je vais donner un seul exemple pour concrétiser ce point.

Quand on entre dans un magasin, ce qui arrive fréquemment aux touristes chinois, la première chose à faire n'est pas d'aller directement vers les produits et de les prendre, mais de regarder où sont les vendeurs et vendeuses. Ils sont peut-être en train de vous regarder et même de vous saluer. Donc regardez-les et saluez-les.

Certains se disent peut-être que ce n'est pas la peine de les regarder puisqu'ils ne pourraient pas se parler à cause de l'obstacle linguistique. C'est complètement faux car le sourire et l'échange de regard, avec la bienveillance comme l'arrière-plan, sont la base indispensable dans une communication harmonieuse; ils sont notamment importants quand l'expression verbale devient difficile. Ce point concerne non seulement les touristes chinois, mais aussi les agents français qui les accueillent.

A part la crainte causée par la difficulté linguistique et la timidité vis-à-vis des étrangers, un autre point à relever. On dit que "les clients sont le Dieu" et cela me semble très bien appliqué en Chine, où les clients, tant qu'ils ont leur porte-feuille rempli, n'ont pas besoin de politesse / de respect à l'égard des serveurs et vendeurs, et ceux-ci l'acceptent en général sans objection. Cela doit paraître "normal" pour les deux côtés. Alors qu'en France les serveurs et vendeurs, comme tout individu, exigent une attention et un respect nécessaires. Cela est, en tout cas on l'espère, une tendance qui concerne également la société chinoise.

Après le "rituel de salutation":

- S'il y a une queue, faites la queue et attendez.

- S'il n'y a pas la queue, attendez aussi un peu pour que la personne vienne vers vous et s'occupe de vous.

Puisque vous êtes attentionné, vous allez naturellement remercier et dire au revoir à la personne à la fin.

En se comportant comme ce que je viens de dire dans un magasin, même si vous ne parlez pas français et même s'il y a de petits malentendus, tout va se passer beaucoup mieux.

C'est pareil si vous entrez dans un café ou un restaurant.



mardi 27 novembre 2012

"Porte-bonheur"


Pourquoi ils portent bonheur?

Pourquoi certains fruits et animaux sont les porte-bonheur pour les Chinois? C’est souvent en raison de leur prononciation ….

1. Pour le mariage, les fruits: jujubes rouges (红枣 hong2 zao3); arachides (花生hua1 sheng1); 桂圆 gui4 yuan2; grains de lotus 莲子 (lian2 zi3) sont symboliques, car "枣zao3 – 生sheng1 – 桂 gui4 – 子zi3" donnent : 早生贵子 (tôt – avoir – précieux – fils), puisque la naissance d'un fils est pour les Chinois l'évènement particulièrement important et un accomplissement fondamental dans la vie.


2. L’oiseau le plus propice pour les Chinois n’est pas aussi chouchouté dans d’autres pays, me semble-t-il: la pie;
喜鹊 (xi3 que4: joie – oiseau) en chinois, puisqu’il y a le xi 喜(joie) dans le nom (mais du coup je me pose la question: Ne le considère-t-on d'abord comme un oiseau porte-bonheur et ensuite le nomme "joie - oiseau"?).

Le matin, si on entend une pie, on est de bonne humeur, se demandant: quel bonheur va m’arriver aujourd’hui? Et si par hasard, les personnes bienvenues rendent visite à l’improviste, on leur dit: ah! c’est pour ça que j’ai entendu la pie ce matin! 

Un tableau où trouvent deux xique symbolise 双喜临门 (shuang1 xi3 lin2 men2: le double bonheur arrive à la maison).


3. Même les chauve-souris sont curieusement un bon signe! Tout simplement parce que ça se dit 蝙蝠 bian1 fu2 en chinois, dont le second caractère a la même prononciation que 福 (bonheur) – le signe le plus aimé des Chinois.

4. Les poissons!

Parce que, 鱼 se prononce yu2, comme 余 – le reste; la conserve, qui fait penser qu’il va rester toujours de la richesse, du bonheur, de la nourriture.

Dans l'image suivante se trouvent deux carpes : 鲤鱼 (li3 yu2) –> 鲤鱼跳龙门 (la carpe saute à travers la Porte de Dragon): symboliser une grande montée en grade sociale. Peut-être une fois avoir traversé la Porte de Dragon, une carpe ordinaire se transformerait en dragon puissant.


poisson & lotus:
鱼 & 莲 (yu2 & lian2) –> 连年有余 (lian2 nian2 you3 yu2):
continu; ininterrompu – année – avoir – reste; conserve
–> Que la richesse et le bonheur traversent les ans.


En général, à un repas important, par exemple celui d’un mariage, le poisson doit être le dernire plat servi. Comme ça, bien que le festin, hélas, se termine, le bonheur va toujours être retenu.
Pour la pratique, si le poisson arrive à table, sachez que c'est souvent le dernier plat du repas!

5. Les mandarines. A Canton, autour du nouvel an, on voit que chez tout le monde il y a un mandarinier cultivé dans un pot, dont la couleur dorée ajoute de la joie à l'ambiance de la fête. Pourquoi il en faut chez tout le monde, ce n’est pas pour les manger (ce n’est pas bon à manger, ces petites mandarines jolies à regarder!), mais parce que:
Mandarine se dit 橘子 (jü2 zi), dont le jü2 est similaire à ji2 吉(propice; bon signe).



Et …. y a-t-il d’autres bons signes pour les Chinois? Je pense que oui mais je clos ma petite présentation.


Et …. quelques questions qui me viennent à l'esprit en parlant de ce sujet:

- J’entend rarement parler des porte-bonheur en France, à part la feuille de trèfle à quatre flocons. 

- Pourquoi les Chinois s'acharnent aux objets porte-bonheur? Est-ce une population qui a l'habitude et a besoin de se consoler, de voir du positif dans quelque chose (en attribuant du positif à cette chose)?

- Et, est-ce que les porte-bonheur portent bonheur?  (pourquoi pas, il faut juste y croire pour se trouver de l'optimisme ….  )